Devenir auto-entrepreneur n’est pas sans risques. Très longtemps à la mode, ce statut ultra-simplifié permet de facturer des prestations en allégeant au maximum les démarches administratives. Ce peut être une solution intéressante dans certains cas, notamment si c’est provisoire ou ponctuel, mais rarement viable à long terme. Levons le voile sur les risques liés au statut d’auto-entrepreneur et pourquoi il faut donc bien réfléchir avant de s’y engager.
Des démarches simplifiées mais des frais engagés
Commençons par une petite mais importante précision sémantique. Si le terme d'auto-entrepreneur est encore largement utilisé dans le langage courant, il n’existe plus d’un point de vue strictement juridique. On parle désormais d’entreprise individuelle (EI) et plus précisément de micro-entreprise et non d’auto-entrepreneur.
Ce glissement sémantique est lié au fait que les règles entourant ce statut ont également évolué depuis quelques années, notamment en 2015. S’il est toujours aussi simple de lancer sa micro-entreprise en quelques clics sur Internet, les obligations liées à ce statut sont désormais bien plus conséquentes.
A commencer par les frais engendrés. Car “facile” ne signifie pas “gratuit”. En effet, la micro-entreprise, contrairement à d’autres statuts comme le portage salarial, génère certains frais incompressibles et ce même si l’auto-entrepreneur ne réalise aucun chiffre d’affaires. On retrouve :
les frais liés à l’ouverture obligatoire d’un compte bancaire professionnel
les coûts des contrats d’assurance comme la responsabilité civile professionnelle
la contribution foncière des entreprises
la taxe pour frais de chambres consulaires
Responsabilité illimitée et imposition sur le chiffre d’affaires
Avec le statut d’auto-entrepreneur, l’individu et son activité professionnelle sont confondus. Cela est lié au fait qu’il n’existe pas d’entité juridique à part comme dans le cadre d’une SASU, d’une EURL ou avec le portage salarial. Par conséquent, les éventuelles dettes contractées dans le cadre professionnel sont recouvrables sur le patrimoine personnel de l’auto-entrepreneur. Un risque non négligeable que la plupart des chefs d’entreprises évitent de prendre.
Dans la même veine, l’auto-entrepreneur ne peut pas déclarer de frais professionnels. Il doit donc supporter toutes les dépenses engagées dans le cadre de son activité professionnelle. Autre désavantage, l’auto-entrepreneur paye l’impôt sur le revenu sur la base de son chiffre d’affaires (un CA par ailleurs plafonné) et non sur les bénéfices réalisés. Autant dire qu’il est plus que conseillé, pour que ce statut soit un tantinet intéressant, de se lancer dans une activité ne nécessitant pas d’engager des frais.
Protection sociale minimaliste et mauvais points de retraite
Si le statut d’auto-entrepreneur est aussi peu chargé (de l’ordre de 22%), c’est évidemment parce qu’il est (très !) peu protecteur. Pas d’assurance chômage et donc pas filet de sécurité, pas de complémentaire santé collective et pas de régime de prévoyance. A la place, l’auto-entrepreneur cotise à la Sécurité Sociale des Indépendants, qui remplace le tristement célèbre RSI (Régime social des indépendants). Concrètement, un auto-entrepreneur qui tombe malade recevra pas ou peu (notamment s’il exerce une activité libérale) d’indemnités journalières et après un inévitable délai de carence (lire: 5 choses à savoir sur l'arrêt maladie en portage salarial).
Niveau retraite, ce n’est guère mieux. C’est même pire:
Le montant global de 22% pour l'ensemble des cotisations, est affecté rubrique par rubrique, selon un ordre de priorité défini par le code de la Sécurité sociale et non pas proportionnellement. Dans les faits , il ne reste plus grand-chose pour la retraite une fois vos cotisations affectées à la CSG- CRDS et à l’assurance maladie. Parfois il peut ne plus rien rester pour la retraite complémentaire : C'est alors double, voire triple-peine car ce montant réellement attribué à la ligne “retraite” détermine le nombre de trimestres validés (ou pas) , et le futur montant de pension de retraite de base et de retraite complémentaire.
Il est donc tout à fait possible de travailler (dur) toute l’année pour finalement ne pas valider quatre trimestres de retraite. C’est risqué autant que frustrant…
Le dernier rapport gouvernemental dit Rapport Frouin préconise d’ailleurs le portage salarial comme solution pour les travailleurs indépendants les plus flexibles: communiqué de presse Rapport Frouin
Dire que se lancer comme auto-entrepreneur est risqué est une réalité. C’est même un euphémisme ! Le choix de ce statut peut se justifier s’il s’agit de tester une activité (lire: Est-il possible de tester son activité sans statut avant de créer son entreprise ?), de réaliser une prestation ponctuelle à côté de son emploi salarié, ou simplement de se lancer rapidement avant de se tourner vers un autre statut. En revanche, le statut d’auto-entrepreneur est beaucoup trop peu protecteur et avantageux sur la plan financier et comptable pour envisager une activité pérenne. Sans compter qu’il est souvent peu crédible auprès des professionnels et encore moins auprès d’un banquier ou d’un bailleur…
Réunion Portage, seule entreprise de portage salarial à La Réunion, emploie 35 freelances qui cumulent près d’1,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ils jouissent d’un statut protecteur et d’un cadre juridique et comptable particulièrement sécurisant leur permettant de s’épanouir dans leur activité et de se projeter à long terme.
Pour en savoir plus, prenez contact avec nos équipes ici.
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